mardi 11 octobre 2011

Le communisme vu sous un autre jour

Article publié le 15 Juin 2011 par Mehdi DAHMEN :


Peu de temps avant sa mort Marx déclara : « Tout ce que je sais, c'est que moije ne suis pas marxiste »
Je considère ceci comme une déclaration de la plus haute importance car entre le socialisme rationaliste critique de Carl Marx et Friedrich Engels et le communisme Français (adoption avec modification de l’idéologie marxiste par le parti ouvrier français) la différence est flagrante. Il en est de même d’ailleurs pour le Léninisme qui est loin d’être une adaptation parfaite du marxisme.
Donc si on veut investir dans la critique du communisme la première question qui peut se poser c’est de savoir à qui remonte le péché originel !! à Lenine ? à Staline ? Aux communistes Français ou à Marx lui-même ?
Les réponses à cette question ont toujours été hostiles. Moi je préfère prendre le concept de communisme dans sa globalité tel qu’on l’a connu à travers les expériences communistes de certains régimes et certains pays et l’étudier en tenant compte de trois aspects différents et ce indépendamment des origines mêmes du concept.

Prenons tout d’abord le concept d’un point de vue épistémologique. Il est évident que le communisme s’intègre dans un paradigme déterministe selon lequel tout évènement peut être prévisible en vertu d'une loi physique ou mathématique. C’est ce que Marx appelle « l’historicisme ». Ce dernier suppose l’existence des lois de l’histoire  (en particulier la lutte entre les classes) et suppose qu’il maîtrise parfaitement ces lois et donc l’évolution de l’histoire. En fait le marxisme est l'historicisme le plus abouti, qui fait explicitement de la lutte des classes le moteur de l'histoire en prétendant la prédiction de la chute du capitalisme et la venue nécessaire du communisme via la dictature du prolétariat. Or ceci est absurde. Il est évident que tous les dispositifs développés par l’être humain dans le but de prévoir le futur ou au moins quelques aspects de l’avenir ont une efficacité très limitée. En plus je trouve que le fait de considérer la lutte des classes comme le seul moteur de l’histoire n’est qu’une explication simpliste et réductrice d’un phénomène très complexe stimulé par plusieurs facteurs différents.
Cette limite de l’historicisme se confirme en pratique au sein des rares sociétés où les classes sociales sont quasi-absentes comme dans les Îles Féroé ou encore à Luxembourg.
Donc il serait absurde aujourd’hui de rester bloqué dans cette optique déterministe qui suppose l’existence de démarche universelle permettant de faire évoluer l’histoire humaine.
Restons dans l’aspect épistémologique du communisme et parlons de la scientificité du concept. Il est connu que les marxistes considèrent la théorie marxiste comme une théorie scientifique par excellence. Pour remettre en cause cette scientificité je préfère me baser sur les travaux de Carl Popper concernant la falsifiabilité selon laquelle le critère de la scientificité d'une théorie réside dans la possibilité de l'invalider, de la réfuter ou encore de la tester. Donc selon cette théorie de falsifiabilité développée par Popper (théorie à laquelle j'adhère complètement), la meilleure façon de prouver qu’une théorie est vraie c’est d’essayer de prouver qu’elle est fausse. Or  les marxistes considèrent la théorie marxiste comme une théorie sans faille et considèrent tout critique comme complice de leurs adversaires, donc ses arguments ne sont pas recevables et ils éliminent par définition toutes tentatives visant à les contredire. Par conséquent leur théorie ne peut pas être qualifiés de science.

Prenons maintenant le communisme d’un point de vue économique. Selon les marxistes, ce que vend l'ouvrier est sa force de travail. Cette force de travail permet de créer une valeur ajoutée (plus-value marxiste) dont les bénéfices doivent être remis aux travailleurs.
Cette conception de partage de profit tient compte des métiers traditionnels de l’époque (société industrielle) basés essentiellement sur l’effort physique. Or, aujourd’hui dans une société de l’information (société postindustrielle) le travail physique connaît un recul considérable cédant ainsi sa place aux métiers basés sur les connaissances, le savoir faire et l’expertise qui constituent des atouts non standards et difficiles à évaluer. Donc, la valeur ajoutée  apportée par le salarié devient une notion abstraite et impossible à estimer.

Enfin, considérons le communisme d’un point de vue historique, et là je ne compte pas parler des origines du concept mais plutôt des différentes expériences communistes à travers l’histoire. Il est dans la logique des choses de mettre l’accent sur l’expérience soviétique qui a débuté avec Lenine. Déjà dès ses premiers pas, la révolution russe n’a fait que réfuter la théorie marxiste.
Selon Marx, les changements révolutionnaires partent de la base; autrement dit : les moyens de production sont les premiers à changer, puis ce sont les conditions sociales de production, ensuite le pouvoir politique et, enfin, les croyances idéologiques qui changent en dernier.
Mais, dans la révolution russe c’est le pouvoir politique qui a changé le premier. Et l’idéologie (Dictature et Electrification) a commencé, par le haut, à transformer les conditions sociales et les moyens de production.
Ce modèle communiste lancé par Lenine ne tiendra pas un seul siècle puisqu’en 1991 le monde assiste à la chute historique de l’URSS après plusieurs crises économiques et sociales.
A travers son histoire l’URSS a utilisé la démagogie pour légitimer une dictature qui est passée de la dictature de prolétariat à la dictature du parti unique car la dictature ne peut qu’engendrer une nouvelle classe dominante.
Ce modèle soviétique qui est considéré comme le modèle de marxisme le plus abouti à travers l’histoire, a montré que le marxisme ne produit pas seulement des paradoxes scientifiques, mais aussi des camps de concentration car dans la plupart des cas, la lutte acharnée des leaders communistes pour la concrétisation de leur idéologie était un premier pas vers le totalitarisme.

Enfin, je tiens à souligner que le capitalisme libéral n’est pas moins critiquable que le communisme. Tout extrémisme est lamentable et ne mérite vraiment pas qu'on s'attarde à le critiquer.
Dans notre contexte économique et social contemporain je considère absurde toute idéologie qui tente d'éliminer ses rivaux. L’idéal serait de tirer l’aspect positif de chaque idéologie.

Ces lignes sont dédiées à mes amis révolutionnaires qui rêvent de chanter l’internationale en levant les portraits de Staline à l’avenue Habib Bou Rguiba…

Mehdi DAHMEN

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